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COP30-A Belem, la Chine profite du vide laissé par les Etats-Unis
information fournie par Reuters 15/11/2025 à 18:30

par Valerie Volcovici et Lisandra Paraguassu

Profitant du vide laissé par l'absence des Etats-Unis, la Chine s'est installée au premier rang à Belem, au Brésil, où se déroule la 30e Conférence des parties sur les changements climatiques (COP30), avec l'étiquette de leader mondial des énergies renouvelables, même si elle reste le premier pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète.

Le pavillon chinois trône près de l'entrée du Parque da Cidade, le parc des expositions où se tient la COP, les dirigeants des plus grandes entreprises du pays spécialisées dans l'énergie verte affichent en anglais, devant de vastes audiences, leur vision d'un avenir sans carburants fossiles et les diplomates chinois manoeuvrent pour tenter d'orienter les discussions.

Autant de rôles que s'attribuait autrefois le gouvernement américain, avant de tourner climatosceptique sous l'impulsion de Donald Trump.

"L'eau s'engouffre où il y a de l'espace, et c'est souvent la même chose avec la diplomatie", constate Francesco La Camera, directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables.

Après avoir, comme sous son premier mandat, retiré les Etats-Unis de l'Accord de Paris de 2015 visant à limiter la hausse des températures mondiales, Donald Trump, réélu en janvier, a refusé cette année d'envoyer une délégation officielle de haut rang au sommet de Belem, une première en trente ans.

"Le président Trump ne mettra pas en danger l'économie et la sécurité nationale de notre pays pour poursuivre de vagues objectifs climatiques qui tuent les autres pays", a déclaré à Reuters Taylor Rogers, porte-parole de la Maison blanche.

UNE "CAPACITÉ À INONDER LE MARCHÉ"

En boycottant l'événement, pointent les critiques, Washington se prive cependant d'un précieux levier pour peser sur les négociations climatiques à l'heure où la Chine, son adversaire stratégique, développe à toute allure l'énergie renouvelable.

"La Chine l'a bien compris. L'Amérique est condamnée à perdre un avantage concurrentiel si nous ne prenons pas conscience de ce qu'ils font dans ce domaine, au niveau des chaînes d'approvisionnement, de leur domination sur le secteur manufacturier et de leur capacité à inonder le marché", a averti le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, lors d'une intervention devant la COP30 en début de semaine.

Contrairement aux années précédentes, où la Chine disposait d'un pavillon modeste avec seulement quelques places disponibles pour des débats essentiellement techniques et universitaires, son pavillon de la COP30 occupe un emplacement de choix près de l'entrée, à côté du pays-hôte.

Dans cette enceinte, CATL, premier fabricant de batteries au monde, qui fournit un tiers des batteries vendues aux constructeurs de véhicules électriques, a organisé jeudi un événement, pour la première fois lors d'une COP, dans le but de toucher délégués gouvernementaux et représentants des ONG.

Le réseau chinois d'électricité SGCC, les géants de l'énergie solaire Trina et Longi sont également présents. Le constructeur automobile BYD a exposé une flotte de véhicules hybrides utilisables avec du biocarburant fabriqués dans son usine de Bahia.

LEADERSHIP ?

Le vice-ministre chinois de l'Ecologie, Li Gao, a estimé cette semaine devant une salle comble que la place de la Chine en tant que premier producteur mondial d'énergie verte "apportait des bénéfices à tous les pays, en particulier les pays du Sud".

Un rôle salué par le président de la COP, Andre Correa do Lago, et par Ana Toni, directrice exécutive de la conférence.

"La Chine a fait preuve de leadership non seulement en menant sa propre révolution énergétique, mais grâce à ses capacités de production à grande échelle, nous pouvons désormais nous aussi acheter de l'énergie à faible émission de carbone (...) à des prix compétitifs", a déclaré Ana Toni à Reuters.

Pékin, a-t-elle ajouté, est déterminé à "prendre des mesures très concrètes pour soutenir les autres pays".

La Chine joue également un rôle plus subtil en coulisses, comblant le vide laissé par les Etats-Unis, réputés autrefois pour leur capacité à rallier les gouvernements en faveur d'un accord.

"Petit à petit, la Chine devient garante du régime climatique", constate un haut diplomate d'un pays émergent. "Elle a beaucoup investi dans l'énergie verte. En cas de régression, elle sera perdante."

Alors qu'elle ne s'impliquait auparavant que lorsqu'un enjeu majeur la concernait, elle a joué cette fois un rôle clé avant même le début des négociations pour parvenir à un accord sur l'ordre du jour de la COP30.

Selon Sue Biniaz, ancienne envoyée spéciale adjointe des Etats-Unis pour le climat sous la houlette de John Kerry, et l'une des architectes de l'Accord de Paris, la Chine est en mesure de rassembler les intérêts variés des pays du Sud, des grandes économies émergentes comme les BRICS aux petits pays en développement.

Sue Biniaz n'est toutefois pas encore convaincue par le leadership de Pékin, jugeant peu ambitieux l'objectif de baisse d'au moins 7%, par rapport à leur pic attendu, des émissions de gaz à effet de serre chinoises d'ici 2035 annoncé en septembre.

"Le pays le plus puissant n'est pas celui qui parle le plus fort à la COP mais celui qui produit et investit concrètement dans les technologies bas carbone", rétorque Li Shuo, directeur du centre climatique chinois à l'Asia Society Policy Institute.

(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)

1 commentaire

  • 19:22

    Trump aurait-il des informations que nous ne connaissons pas ? C'est Al Gore le battu aux élections des US en 2000 qui a mis en route ce truc


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